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Une constante revient chez les cartographes placer au centre ce qu'ils considĂšrent comme le plus important. Un rĂ©flexe lĂ©gitime. Mais alors, pourquoi ont-ils placĂ© le Nord en haut ? Vous connaissez le refrain "Papa est en haut, le sud est en bas, qui fait du chocolat". Mais je m'Ă©gare... Et c'est pas le moment de s'Ă©garer, pourtant. La question est moins anecdotique qu'il n'y parait. Tout d'abord, il faut une convention. MalgrĂ© le GPS, quelle pagaille ce serait si chacun choisissait son propre repĂšre ! Une constante revient chez les cartographes placer au centre ce qu'ils considĂšrent comme le plus important. LĂ©gitime. Un des plus grands savants du monde antique, PtolĂ©mĂ©e, n'agit pas autrement lorsqu'il fixa, vers 150 aprĂšs les rĂšgles qui devaient permettre Ă  tout gĂ©ographe de continuer la description du monde connu. Il plaça donc l'Égypte au milieu de ses cartes et, en scientifique, dĂ©termina certaines conventions –attribution de coordonnĂ©es Ă  tous les points connus, par exemple, en choisissant l'Ă©quateur comme base de la latitude. En pleine Ăšre chrĂ©tienne, il fallait bien respecter les convenances et mettre le paradis en haut de carte ! Mais au Moyen Âge, la donne a changĂ©. En pleine Ăšre chrĂ©tienne, il fallait bien respecter les convenances et mettre le paradis en haut de carte ! Sauf que le Paradis Ă©tait aussi traditionnellement censĂ© se trouver Ă  l'Est, vers cet Orient mystĂ©rieux. C'Ă©tait Ă©galement la grande Ă©poque des croisades et du commerce des Ă©pices. L'Est, placĂ© en haut de carte, devint donc le nouveau repĂšre ; c'est de lĂ  que vient l'expression "s'orienter". Donc toutes les cartes ont Ă©tĂ© orientĂ©es ainsi. Pourquoi cette tradition n'a-t-elle pas perdurĂ© ? Pour deux raisons. Tout d'abord, comme la terre tourne sur un axe est-ouest, la rĂ©fĂ©rence serait sans cesse en rotation. Et puis surtout, Ă  cause d'une invention rĂ©volutionnaire, vers 1300 la boussole . Le nord magnĂ©tique et le nord gĂ©ographique oĂč convergent les mĂ©ridiens n'Ă©tant pas trĂšs Ă©loignĂ©s, le Nord redevient la rĂ©fĂ©rence absolue et commune, notamment sous l'impulsion des navigateurs. L'aiguille de la boussole n'indique pas l'Est ou l'Ouest, mais le Nord ou le Sud. Ajoutez Ă  cela qu'on avait un moyen trĂšs facile et sĂ»r de retrouver le nord l'Ă©toile Polaire sans oublier la mousse sur les arbres, mais c'est une autre histoire.... Bref, de trĂšs bonnes raisons de revenir au systĂšme de PtolĂ©mĂ©e... Sans oublier que les cartographes se trouvaient justement dans l'hĂ©misphĂšre nord. On n'est jamais mieux servi que par soi-mĂȘme. Jusqu'Ă  preuve du contraire...
Arctique: un espace naturel et culturel singulier. La rĂ©gion Arctique englobe le pĂŽle Nord de la Terre et comprend six pays : la Russie, la NorvĂšge, le Danemark, l'Islande, le Canada, et les États-Unis. La banquise, les espĂšces animales et vĂ©gĂ©tales et les populations autochtones (inuits, samies, yakoutes) en font l’un des territoires
En 2010, deux bibliothĂ©caires de l’UniversitĂ© Laval, StĂ©fano Biondo et JoĂ« Bouchard, dĂ©couvrent par Internet chez un marchand de Prague un exemplaire original 1595 de la carte Septentrionalium Terrarum descriptio du grand cartographe flamand GĂ©rard Mercator 1512-1594, illustrant et dĂ©crivant le pĂŽle Nord, l’Arctique ainsi que les terres qui encerclent le toit du monde ». Conscients que les Ă©tudes nordiques constituent un des fers de lance de l’UL, ils contactent aussitĂŽt le gĂ©ographe Louis-Edmond Hamelin, pĂšre » du concept de nordicitĂ©, qui les assure de l’extraordinaire richesse de ce document, auquel il a mĂȘme consacrĂ© il y a longtemps une Ă©tude jamais publiĂ©e. Ils acquiĂšrent alors le document et amorcent une collaboration Ă©troite avec M. Hamelin. Cette complicitĂ© aboutit aujourd’hui Ă  un ouvrage exceptionnel d’érudition et de vulgarisation scientifique, L’apparition du Nord selon GĂ©rard Mercator, dont la remarquable prĂ©sentation graphique se distingue tant par la qualitĂ© des illustrations que par la clartĂ© et l’élĂ©gance de la mise en page. À partir de la comprĂ©hension et de l’interprĂ©tation de cette carte primordiale pour l’étude du Nord, l’ouvrage propose au lecteur une vĂ©ritable exploration du territoire arctique, tel qu’on le connaissait et qu’on l’imaginait il y a plus de 400 ans. En mettant Ă  contribution des disciplines telles que la lexicologie, l’ocĂ©anographie, la climatologie, la topographie, la toponymie et l’histoire ancienne, les auteurs tentent de mesurer le degrĂ© de prĂ©cision et d’exactitude de la carte de Mercator, ainsi que l’étendue rĂ©elle des connaissances sur l’Arctique Ă  l’époque de la Renaissance. Leur conclusion est surprenante La planche polaire de Mercator ne provient ni d’une construction bizarre et fallacieuse ni d’emprunts Ă  des situations des pays tempĂ©rĂ©s. Elle est une oeuvre d’une nordologie Ă©tude du nord prĂ©coce, l’illustration d’un savoir incomplet, mais bien plus dĂ©veloppĂ© qu’on a longtemps voulu le croire. » La carte Septentrionalium Terrarum descriptio, qui fait partie d’un atlas publiĂ© un an aprĂšs la mort de Mercator, est non seulement attrayante et instructive, mais fondatrice » des Ă©tudes nordiques, selon les auteurs. Mercator fut en somme un pionnier dans le long processus d’acquisition et de synthĂšse des connaissances sur l’hĂ©misphĂšre borĂ©al. MĂȘme si les reprĂ©sentations cartographiques du XVIe siĂšcle Ă©taient invariablement limitĂ©es par les lacunes documentaires, par le recours - obligĂ© Ă  l’époque - aux conceptions dĂ©passĂ©es de l’AntiquitĂ© et par les restrictions religieuses et idĂ©ologiques de l’Inquisition, l’illustration et la description de l’Arctique et des territoires environnants par Mercator et d’autres aprĂšs lui Ă©tonnent par leur relative justesse. Et cela grĂące aux sources variĂ©es auxquelles avaient recours les grands cartographes de l’époque cartes antĂ©rieures, rĂ©cits publiĂ©s des explorateurs, mais aussi rĂ©cits de premiĂšre main des marins et des navigateurs. Le lecteur dĂ©couvrira avec stupĂ©faction chez Mercator un savoir nordique en plein essor », avec la description entre autres du dĂ©troit de BĂ©ring alors nommĂ© Anian, du systĂšme hydrographique du fleuve Mackenzie Cogib-Obila, du grand lac des Esclaves Lago de Conibaz et de la baie d’Hudson Hic Mare. Les peuples autochtones qui habitent les territoires du Nord sont appelĂ©s Canadenses », Ă  la suite des dĂ©couvertes de Jacques Cartier. Quelle bonne idĂ©e enfin d’avoir publiĂ© la carte intĂ©grale de Mercator au verso de la jaquette du volume, ainsi que d’en offrir gratuitement une version numĂ©rique sur le site Web de la bibliothĂšque de l’UniversitĂ© Laval. Et merci aux Ă©ditions du Septentrion pour ce travail d’édition impeccable ! Collaborateur À voir en vidĂ©o
carte du monde vu du pole nord
Originede l'Australie. L' Australie est un nom d'origine latine : est austral ce qui est au sud et s'oppose Ă  borĂ©al, ce qui est au nord. À partir du XVI e siĂšcle, les EuropĂ©ens avaient l'intuition qu'il existait un continent au sud de l'Asie : ils appellĂšrent cet hypothĂ©tique lieu du nom latin de Terra Australis. (Terres australes).
Objet magique, qui permet en quelques dĂ©cimĂštres carrĂ©s, de voir, de possĂ©der un pays
 » Ă©crivait Julien Gracq. À la Renaissance, la carte n’est pas seulement un outil permettant de s’orienter sur un territoire donnĂ©, elle est aussi une maniĂšre de se reprĂ©senter le monde et de s’approprier ce dernier en participant Ă  la construction d’un nouvel imaginaire. Dans Le Nord de la Renaissance. La carte, l’humanisme suĂ©dois et la genĂšse de l’Arctique, publiĂ© aux Ă©ditions Classiques Garnier, Pierre-Ange Salvadori retrace toute l’ampleur de la rĂ©forme cartographique opĂ©rĂ©e Ă  cette pĂ©riode. DĂ©centrement du monde, redĂ©finition des confins et constructions, ou reconstructions mythologiques septentrionales, tels sont les enjeux auxquels se confronte Pierre-Ange Salvadori afin de mieux comprendre ce qu’était vĂ©ritablement le Nord de la Renaissance. Les lignes suivantes sont extraites de son ouvrage. Restons dans la Venise virtuelle de mars 1539, dans l’échoppe oĂč la Carta Marina d’Olaus Magnus, tout juste sortie des presses, est Ă©tendue sur un mur, ou peut-ĂȘtre repliĂ©e dans un coffre, attendant qu’on la saisisse pour la dĂ©plier et l’admirer. DĂ©couvrant que la Scandinavie s’étendait sur une immense lande de terre jusqu’aux confins inexplorĂ©s de l’Arctique Ă  proximitĂ© immĂ©diate du pĂŽle Nord, et que celle-ci pouvait contenir dix fois la Britannia, visualisant, dans le cartouche droit, l’origine scandinave de nombreux peuples d’Europe – et d’au-delĂ  – rĂ©unis par une mĂȘme ascendance gothique, l’observateur attentif pouvait prendre conscience d’une Europe Ă  nouveau septentrionalisĂ©e dans son histoire et dans sa gĂ©ographie. Toute l’Ɠuvre du cartographe et humaniste suĂ©dois Ă©tait lĂ  pour montrer que l’humanitĂ© antique procĂ©dait du Nord, [et que] l’ancienne Rome fut sauvĂ©e par le Septentrion aprĂšs la prise de l’Urbs en l’an 410 par les Goths d’Alaric dont le sac de Rome de 1527 avait ravivĂ© la mĂ©moire en Europe. Cette carte Ă©tait bien le tĂ©moin du placement de nouvelles espĂ©rances au Nord et du dĂ©placement du regard vers ces rĂ©gions nouvellement cartographiĂ©es qui intĂšgrent la culture humaniste de la Renaissance au mĂȘme moment que le Nouveau Monde » amĂ©ricain. Une fois dĂ©chiffrĂ©e et restituĂ©e sa grammaire complexe et sacrĂ©e, la Carta Marina apparaissait comme une entreprise humaniste de rĂ©surrection, sur l’espace cartographique, d’un Ăąge d’or antique, projection sur la carte d’une Ă©nergie de renouement, renaissance d’un passĂ© gothique qui devait parler Ă  la place d’un prĂ©sent maculĂ© de tous les symptĂŽmes d’une dĂ©liquescence et de l’imminence de la fin des temps, prĂ©cipitĂ©e, selon l’Église de Rome, par l’arrivĂ©e de Luther. À l’angoisse eschatologique, la Carta Marina, et avec elle la Renaissance suĂ©doise [
] oppose la perspective d’un salut de l’humanitĂ© par le Nord, point cardinal investi de connotations et de significations renouvelĂ©es par la rĂ©forme cartographique d’un espace rendu vivant et mobilisable, en tant que tel, comme ressource spirituelle. [
] Le Nord pourrait bien indiquer sur la carte la voie Ă  suivre, comme la boussole pointait au Nord pour guider les navigateurs Ă  la surface de l’ocĂ©an. Joignant la boussole matĂ©rielle Ă  la boussole spirituelle, la Carta Marina septentrionalisait l’Europe et le monde auxquels elle offrait pour sa rĂ©demption un espace et un temps rĂ©formĂ©s. [
] L’humanisme cartographique nordique joua un rĂŽle cardinal dans ce processus d’expansion gĂ©ographique au Nord et de dĂ©placement, dans la mĂȘme direction, du rĂ©cit des origines et du centre de gravitĂ© culturel depuis l’Orient et le Sud, dĂ©passant mĂȘme, il nous semble, les efforts en ce sens de l’humanisme allemand. Il n’en constitua pourtant qu’une Ă©tape sur laquelle on aurait tort de clĂŽturer notre enquĂȘte. Le parachĂšvement de la septentrionalisation de l’Europe, contemporain du dĂ©placement du centre de gravitĂ© Ă©conomique du sud au nord du continent, se trouve probablement dans la fixation du Nord en haut des cartes, actĂ© dans la seconde moitiĂ© du XVIe siĂšcle, sanctionnĂ© par l’autoritĂ© des plus cĂ©lĂšbres cartographes de la Renaissance, d’Abraham Ortelius Ă  Gerhard Mercator. Cette dĂ©s-orientation de la carte nourrit autant qu’elle documente un renouvellement de la gĂ©ographie sacrĂ©e par une rĂ©forme cartographique totale. Celle-ci substitue Ă  l’axe de projection Est-Ouest, dynamique du mythe de croisade et expression d’une espĂ©rance sotĂ©riologique fixĂ©e sur le retour aux origines en Terre Sainte Ă  proximitĂ© du paradis terrestre situĂ© en Orient, un axe Nord-Sud, trajectoire du peuplement de l’Europe par les anciens Goths venus du Nord – selon un rĂ©cit gothiciste alors de plus en plus envahissant – et nouvelle ligne verticale au sommet de laquelle un passage maritime s’ouvre vers l’Asie Ă  travers l’Arctique nouvellement cartographiĂ©, espace, chez certains savants, d’un paradis terrestre relocalisĂ©, et en tout cas lieu d’une possible connexion du monde entre ses parties, condition de son englobement ». Duisbourg, RhĂ©nanie, petite citĂ© tranquille Ă  la frontiĂšre germano-flamande, 1569. Gerhard Kremer, cinquante-sept ans, fils d’un cordonnier de basse extraction, vient de faire imprimer un immense planisphĂšre, qu’il signe du surnom humaniste de Mercator, marchand ». La nouvelle et gĂ©niale projection gĂ©ographique qui organise l’espace mondial nous est restĂ©e sous le nom de projection de Mercator » ; elle sous-tend encore aujourd’hui notre façon de concevoir le globe, avec l’étirement caractĂ©ristique des surfaces terrestres aux extrĂȘmes nord et sud de la carte. LĂ  n’est pas, pourtant, ce qui nous intĂ©resse et qui n’a guĂšre intĂ©ressĂ© les savants avant la toute fin du XVIe siĂšcle. C’est ailleurs que notre Ɠil doit se porter s’il veut tenter de reproduire le cheminement probable des premiers regards posĂ©s Ă  la surface du planisphĂšre mercatorien. L’Ɠil est en effet spĂ©cifiquement attirĂ© vers le mĂ©daillon en bas Ă  gauche de la carte, qui met en valeur un espace gĂ©ographique en particulier. Au centre d’un cadre circulaire domine une montagne immense sous laquelle, au pĂŽle Nord gĂ©ographique exactement, s’enfouissent les eaux du globe, reliĂ©e Ă©galement par le mĂ©ridien-origine Ă  un second sommet, lieu du pĂŽle Nord magnĂ©tique. Cet espace inspira Ă  n’en pas douter l’üle de la Reine de Jules Verne, Ăźle du bout du monde, ultima Thule contemporaine et cible enivrante du voyage du capitaine Hatteras. EntourĂ©e, dans le cartouche du planisphĂšre mercatorien, de quatre grandes Ăźles sĂ©parĂ©es par quatre bras de mers agitĂ©s et dont les littoraux extĂ©rieurs sont tous obstruĂ©s par des reliefs, cette montagne noire et trĂšs haute » a bien tous les atours du toit du monde. Le regard s’y concentre, comme aidĂ© par la force d’attraction magnĂ©tique du pĂŽle. Reproduisant la carte dans l’Atlas publiĂ© en 1595 Ă  Duisbourg par son fils Rumold, Gerhard Mercator y ouvre cependant l’entrĂ©e de l’üle la plus proche de l’Europe, signalant un espace arctique habitĂ© et bel et bien accessible, et septentrionalisant l’Europe jusqu’au pĂŽle Nord. ©L’üle mythique de ThulĂ© sur la Carta Marina d’Olaus Magnus, 1539, dĂ©tail. À l’intĂ©rieur d’un ensemble de soixante-treize cartes sĂ©lectionnĂ©es et dessinĂ©es avec le plus grand soin et pendant toute une vie passĂ©e Ă  colliger les multiples tĂ©moignages contradictoires des savants et des explorateurs, cette carte du pĂŽle Nord se fondait pourtant d’abord sur un trĂšs mystĂ©rieux rĂ©cit de voyage des annĂ©es 1360, rĂ©digĂ© par un prĂȘtre dont le pĂ©riple lui fit parcourir l’Asie, l’Afrique et le Nord », atteignant les latitudes les plus septentrionales grĂące aux arts magiques », comme l’indique le mĂ©daillon explicatif au-dessus du cartouche du planisphĂšre de 1569. À la fin du XVIe siĂšcle, l’Arctique constituait bien un nouvel horizon majeur pour la conscience gĂ©ographique europĂ©enne, un espace inconnu mais nourrissant d’heureuses espĂ©rances. C’est par l’Arctique qu’allait peut-ĂȘtre pouvoir se poursuivre l’ englobement du monde », la connexion de ses diffĂ©rentes parties entre elles grĂące Ă  la dĂ©couverte anticipĂ©e des passages du Nord-Est et du Nord-Ouest reliant plus rapidement l’Europe, l’Asie et l’AmĂ©rique. L’expectative de cette dĂ©couverte dessinait un puissant horizon d’attente et investissait le Nord arctique d’un rĂŽle sotĂ©riologique essentiel et dĂ©jĂ  attribuĂ© plus en amont dans le siĂšcle au Nord scandinave. La fascination mythique pour le Passage » prenait Ă  dĂ©faut la prudence traditionnelle du cartographe de Duisbourg dans le choix de sa documentation, qui plaçait sans sourciller cet unique rĂ©cit du XIVe siĂšcle sous les auspices providentiels de la vĂ©ritĂ© gĂ©ographique. [
] C’était peut-ĂȘtre parce que cet espace arctique prenait parfaitement place dans son schĂ©ma cosmologique gĂ©nĂ©ral, oĂč il venait recoller les piĂšces d’une Terre en miettes, archipel global dispersĂ© que le pĂŽle venait rĂ©agencer dans une nouvelle cartographie signifiante. La fascination mercatorienne pour le Nord, en lien et sans doute insĂ©parable de sa fascination pour un magnĂ©tisme dont il avait fait descendre l’origine du Ciel sur la Terre en la localisant avec prĂ©cision au pĂŽle Nord, serait Ă  lire comme la pierre de touche d’une Ɠuvre de gĂ©ographie sacrĂ©e renouvelĂ©e, par rapport Ă  sa formulation mĂ©diĂ©vale, par les croyances hĂ©tĂ©rodoxes du cartographe germano-flamand. Longtemps, la cartographie sacrĂ©e avait placĂ© le paradis terrestre en Orient et, partant, l’Est en haut des cartes, afin que le regard de l’observateur pĂ»t se concentrer sur un axe partant de JĂ©rusalem au centre de la mappemonde et se dirigeant vers le haut jusqu’au toit du monde Ă©dĂ©nique et au Christ au sommet de la carte. Le savant orientaliste Guillaume Postel avait entrepris, au mitan du XVIe siĂšcle, une rĂ©forme cartographique qui dĂ©plaçait le paradis terrestre des Moluques orientales au pĂŽle Nord. Se pourrait-il que Mercator ait suivi son homologue français et investi Ă©galement la rĂ©gion polaire d’un rĂŽle sotĂ©riologique majeur, encryptant cela dit, comme son sĂ©jour en prison pour lutherye » en 1544 l’y incita, ses conceptions religieuses hĂ©tĂ©rodoxes sur ses cartes ? Sans qu’il y ait nĂ©cessairement Ă  placer le paradis terrestre au pĂŽle Nord, l’hermĂ©neutique du monde naturel comme Livre de la Providence » suffisait bien, Ă  elle seule, Ă  sacraliser le Septentrion, dĂšs lors qu’il devenait, avec l’expectative anticipatoire d’un passage maritime arctique, l’espace par lequel Dieu pourrait faire converser » entre elles les diffĂ©rentes parties du monde par l’établissement d’une connexion plus rapide que les longs dĂ©tours transocĂ©aniques. La septentrionalisation de l’Europe deviendrait une nĂ©cessitĂ© providentielle par la rĂ©orientation des cartes et des axes de projection, l’ englobement du monde » serait facilitĂ©, pour le plus grand profit de la couronne dĂ©couvrant ce passage et pouvant prĂ©tendre ainsi Ă  une monarchie universelle. C’est donc de l’histoire d’une anticipation qu’il s’agira ici. Celle-ci est symptomatique des nouvelles espĂ©rances placĂ©es dans un point cardinal jusqu’ici mĂ©connu et dĂ©daignĂ©, traditionnellement siĂšge du dĂ©mon, et progressivement investi, au cours du XVIe siĂšcle, d’un rĂŽle providentiel et salvateur. Lieu du pĂŽle Nord magnĂ©tique, l’Arctique attire alors les regards et concentre sur lui une somme d’investigations savantes concernant sa gĂ©ographie et son histoire, depuis les hautes Ă©poques Ă©dĂ©niques et arthuriennes et jusqu’au placement contemporain d’un paradis sous ses latitudes. Se jouerait lĂ  un Ă©pisode du renouvellement de la gĂ©ographie sacrĂ©e par l’hĂ©tĂ©rodoxie religieuse qui animait nombre des plus cĂ©lĂšbres cartographes de la Renaissance et motivait l’invention de nouvelles techniques de projection cartographique celles-ci permettaient de mettre en valeur la nouvelle dignitĂ© acquise par le point cardinal septentrional, qu’il prenne place en haut des cartes ou, parfois, tout Ă  fait au centre, organisant en tout cas de maniĂšre inĂ©dite l’espace global et contribuant mĂȘme Ă  son englobement. [
] Avec la variĂ©tĂ© des modĂšles anthropologiques et des rĂ©cits mĂ©moriels contenus en elle et dont l’étude de la Scandinavie permet de prendre particuliĂšrement conscience, avec son originalitĂ© historique et ses mythes d’originaritĂ©, il faut donc voir ici l’Europe signifiĂ©e, dans toute sa diversitĂ©, non pas comme une fin, mais comme le premier pallier d’une anthropologie humaniste de la globalitĂ© permettant d’aller dans un second mouvement vers la certitude d’une universalitĂ©1 ». Entre les apories d’une accumulation d’histoires nationales autosuffisantes et, parfois, les insuffisances consenties d’une histoire globale automotrice ou rĂ©duite Ă  une somme d’histoires parallĂšles, il faudrait considĂ©rer les vertus heuristiques d’une Ă©chelle d’analyse intermĂ©diaire europĂ©enne dans la comprĂ©hension de phĂ©nomĂšnes historiques globaux. Aux prĂ©misses de ce jeu d’échelles est l’impossibilitĂ© de donner sens Ă  de tels phĂ©nomĂšnes sans les inscrire dans un cadre de comprĂ©hension qui doit parfois d’abord ĂȘtre celui de l’Europe avant de pouvoir trouver celui du monde, et qui en tout cas n’est pas celui de la nation comme l’expriment Martin Lewis et KĂ€ren Wigen, transcender l’eurocentrisme requiert initialement de se confronter Ă©troitement Ă  la pensĂ©e europĂ©enne2 ». La condition et le prĂ©alable de l’Europe provincialisĂ©e de Dipesh Chakrabarty seraient ainsi une Europe prĂ©alablement dĂ©tourĂ©e gĂ©ographiquement et, autant que possible, circonscrite hermĂ©neutiquement – sinon de quelle province parle-t-on3 ? Et c’est parce que l’Europe est par nature une succession de contingences historiques qu’elle est d’ailleurs une image mĂȘme de l’opĂ©ration historiographique et de ses achoppements incessants, prenant la forme d’une certaine idĂ©e de l’Europe qui, en tant qu’elle est incertaine, mĂ©riterait de sortir du refoulĂ©4. C’est parce qu’à rebours de toute tĂ©lĂ©ologie l’Europe est non hypostase mais hypothĂšse qu’elle Ă©claire peut-ĂȘtre si bien le passĂ©. Elle permettrait de réévaluer Ă  la hausse les mĂ©rites d’une histoire qui, sans ĂȘtre utilitariste – parce qu’ une histoire qui sert, c’est une histoire serve5 » –, refuserait en tout cas de dĂ©finir son objet comme l’impĂ©ratif catĂ©gorique d’une connaissance historique conçue comme certitude, et viserait plutĂŽt l’hypothĂ©tique, condition d’une pensĂ©e libre et vivante6. Une histoire magistra vitĂŠ serait donc en fait possible, entendu qu’en empruntant ce chemin de sortie de la plus sĂšche neutralitĂ© axiologique et du plus strict positivisme, on ne dĂ©bouche pas sur l’impasse d’une essentialisation civilisationnelle mais sur une ligne de crĂȘte historiographique oĂč remonte et rĂ©sonne, depuis la vallĂ©e de l’histoire, l’écho de la quĂȘte, depuis le XVIe siĂšcle et l’éclatement de la chrĂ©tientĂ©, d’une unitĂ© et d’une totalitĂ© d’ĂȘtre. Ce qui nous intĂ©resse est donc la naissance d’une certaine idĂ©e du Nord dont doivent ĂȘtre rendues et laissĂ©es apparentes les intrications avec une certaine idĂ©e de l’Europe et une certaine idĂ©e du monde, toutes nĂ©es au XVIe siĂšcle. Nous pourrions dire savoirs du Nord, savoirs de l’Europe, savoirs du monde ; mais nous suspectons que ce qui nous prĂ©occupe est un reste, parcellaire, conservĂ© mais occultĂ©, qui ne recoupe pas l’entiĂšretĂ© des savoirs sur ces espaces emboĂźtĂ©s, qui est moins un objet de savoir qu’une fonction, celle qui permet prĂ©cisĂ©ment de passer d’une catĂ©gorie Ă  l’autre, [
] du nord de la Scandinavie au nord de l’Europe puis au nord du monde. L’idĂ©e mĂȘme du Nord, qu’il soit scandinave, arctique, plus largement europĂ©en ou cardinal et, partant, universel, aurait donc jouĂ© en Europe une place centrale dans la genĂšse d’une pensĂ©e globale telle qu’elle s’exprimait sur les cartes de la fin du XVIe siĂšcle qui anticipaient la dĂ©couverte d’un passage maritime au Nord vers l’Asie. Celui-ci permettrait virtuellement et visuellement de rĂ©aliser, Ă  la fin de la Renaissance, l’ englobement du monde » dont parle Antonella Romano, processus qui se comprend peut-ĂȘtre encore plus clairement dans la traduction anglaise encompassing the world7 » se reprĂ©senter et rendre pensable un monde dont les parties sont connectĂ©es, Ă©galisĂ©es ou commensurables. Lorsque le Nord sur la boussole gĂ©ographique compass indique le lieu d’une possible connexion maritime Ă©courtĂ©e entre des parties Ă©galisables du monde, les points cardinaux compass points se rapprochent les uns des autres et le Nord vient Ă  relier entre eux l’Est et l’Ouest, comme Gerhard Mercator l’ambitionne, dans la lĂ©gende de sa carte du pĂŽle Nord intĂ©grĂ©e Ă  son Atlas de 1595 Par une carte gĂ©nĂ©rale, bienveillant lecteur, de toute la terre et des quatre parties reproduites et Ă©noncĂ©es mĂ©thodiquement selon l’ordre de la nature, j’ai dĂ©cidĂ©, Ă  l’imitation du premier des cosmographes, PtolĂ©mĂ©e, de commencer par le pĂŽle lui-mĂȘme et les rĂ©gions sises Ă  son entour, en une gĂ©ographie de chacune des petites parties successivement, de maniĂšre qu’en descendant du haut vers le bas et en progressant de la gauche vers la droite, j’amĂšne peu Ă  peu le Septentrion et l’Auster Ă  se rejoindre, ainsi que l’Occident et l’Orient ; je prie et conjure Dieu trĂšs bon et trĂšs grand pour que cette entreprise soit heureuse et favorable pour moi et pour la rĂ©publique chrĂ©tienne8. [
] L’idĂ©e d’un rĂŽle salvifique du Septentrion Ă©tait donc bien disponible et appelĂ©e Ă  ĂȘtre investie politiquement. Mise essentiellement au service des princes protestants qui prĂ©tendaient apporter Ă  la chrĂ©tientĂ© son salut tant espĂ©rĂ©, elle fut aussi Ă  l’occasion mobilisĂ©e dans le monde catholique, lorsque les dĂ©veloppements politiques pouvaient trouver une rĂ©sonance dans les savoirs rĂ©formĂ©s du Nord. Ainsi de l’accueil qui fut fait Ă  la reine de SuĂšde Kristina Ă  Rome en 1655, cent ans tout juste aprĂšs la publication dans la mĂȘme ville de l’Historia d’Olaus Magnus aprĂšs avoir renoncĂ© au trĂŽne de SuĂšde et abjurĂ© sa foi luthĂ©rienne, la Minerve du Nord », fille du Lion du Septentrion » Gustav Adolf, devait prendre possession de ses appartements du Vatican ; le nouveau pape Alexandre VII inspecta personnellement les huit chambres avec fresques murales dĂ©volues Ă  l’ancien roi de SuĂšde » et remarqua une inscription vexante pour son hĂŽte. C’est ainsi qu’il ordonna que soient effacĂ©s d’un mur les mots Omne malum ab Aquilone », tout le mal provient du Nord » ; une Ă©paisse couche de peinture fut dĂ©posĂ©e sur l’inscription, comme pour laver Ă  grande eau un honneur que la force d’inertie de la gĂ©ographie biblique avait contrariĂ© trop longtemps9. Le grand bien en provenance du Nord prophĂ©tisĂ© d’abord par Olaus Magnus, valorisant un passage de Job Ab Aquilone aurum venit », 37,22, trouva ici sa matĂ©rialisation. Le Lion du Septentrion et la Minerve du Nord du XVIIe siĂšcle auraient Ă©tĂ© ainsi les hĂ©ritiers d’un mouvement historique de septentrionalisation de l’Europe ». À la fiction maĂźtresse10 » du gothicisme seraient venus se greffer, Ă  l’échelle europĂ©enne, d’autres rĂȘves de grandeurs septentrionales, des rĂȘves britanniques, nĂ©erlandais, germaniques, Ă©cossais, hongrois, polonais, partout oĂč se diffusĂšrent des dĂ©clinaisons locales du nordicisme, qu’elles aient cĂ©lĂ©brĂ© les Goths, les Bataves, les Cimbres, les Celtes, les Huns ou les Sarmates, toutes anciennes peuplades glorifiĂ©es dans le passĂ© pour autoriser des ambitions au prĂ©sent. De l’ ex Septentrione Lux » au son duquel fut accueilli Gustav Adolf dans l’Allemagne luthĂ©rienne, Ă  la SuĂšde comme Éden et Atlantide chez Olof Rudbeck 1679-1702, le thĂšme mĂȘme de l’origine nordique de l’humanitĂ© fut appelĂ© Ă  une longue reformulation onirique au xviie siĂšcle, autant qu’à de trop cĂ©lĂšbres reconfigurations racialistes Ă  l’époque contemporaine11. [
] Nous n’avons pas cherchĂ© Ă  prĂ©ciser la part qui fut transfĂ©rĂ©e du discours gothiciste de la Renaissance aux essentialisations racistes du xxe siĂšcle [
], ou mĂȘme simplement les liens entre le gothicisme et d’autres mouvements identitaires nord-europĂ©ens comme le celticisme12. C’est pourtant bien que le prolongement de ces recherches impliquerait de replacer cette rĂ©forme savante du Nord cardinal dans une septentrionalisation de l’Europe envisagĂ©e sur le temps long. Entendu Ă  la fois comme vagina gentium, c’est-Ă -dire lieu d’origine, et comme lieu de projection et de destinĂ©e, le Nord devrait ainsi ĂȘtre considĂ©rĂ© en tant qu’espace discursif mobilisĂ© par une histoire des idĂ©es au sens Ă©largi par Alphonse Dupront, pour qui l’histoire des idĂ©es ne peut correspondre Ă  sa matiĂšre que si elle devient histoire de la circulation des idĂ©es, des implantations, des incarnations successives ; autrement dit, l’histoire des mythes, ou des notions crĂ©atrices, explicatrices, Ă©nergĂ©tiques13 ». De l’Esprit des lois fut ainsi l’occasion pour Montesquieu d’élargir le noyau culturel du gothicisme aux dimensions d’un systĂšme philosophico-politique gĂ©nĂ©ral attribuant les fondations politiques de l’Europe moderne aux migrations de populations venues du Nord pour supplanter l’Empire romain et en quelque sorte le sauver. Telle fut toute la force de la charte mythique du gothicisme que d’ĂȘtre livrĂ©e avec tant de souplesse discursive qu’elle devint rĂ©pertoire mĂ©taphorique, synecdochique et prophĂ©tique, permettant de relire le sauvetage antique de Rome par le Nord comme le sauvetage Ă  venir de toute l’Europe par le Septentrion. 1 Historiens d’Europe, historiens de l’Europe, Ă©d. Denis Crouzet, CeyzĂ©rieu, Champ Vallon, 2017,p. 21. 2 Martin W. Lewis, KĂ€ren Wigen, The Myth of Continents. A Critique of Metageography, Berkeley, University of California Press, 1997, p. 16. 3 Dipesh Chakrabarty, Provincialiser l’Europe. La pensĂ©e postcoloniale et la diffĂ©rence historique, Paris, Éd. Amsterdam, 2009 Ă©d. originale 2000. 4 Une certaine idĂ©e de l’Europe en tant, prĂ©cisĂ©ment, qu’idĂ©e incertaine, deviendrait ainsi Ă©clairante voir Patrick Boucheron, Ce qui a manquĂ© Ă  l’Europe », dans Une certaine idĂ©e de l’Europe, Ă©d. Groupe d’études gĂ©opolitiques, Paris, Flammarion, 2019, p. 11-47. Recevez nos derniers articles Newsletter Sendinblue 5 Lucien Febvre, L’Histoire dans un monde en ruines », Revue de synthĂšse historique, vol. 30, 1920, p. 4. 6 Voir Denis Crouzet, Avant-propos », art. cit., p. 7-21. 7 Antonella Romano, Rome and its Indies A Global System of Knowledge at the End of the Sixteenth Century », dans Sites of Mediation. Connected Histories of Places, Processes, and Objects in Europe and Beyond, 1450-1650, Ă©d. Susanna Burghartz, Lucas Burkart, Christine Göttler, Leyde, Brill, 2016, p. 43 ; Ead., Impressions de Chine. L’Europe et l’englobement du monde XVIe-XVIIe siĂšcle, Paris, Fayard, 2016. 8 Gerardus Mercator, Polus Arcticus ac terrarum circumiacentium descriptio », dans son Atlas sive cosmographicae meditationes de fabrica mundi et fabricati figura, Duisbourg, 1595, trad. dansLouis Edmond Hamelin et al., L’Apparition du Nord selon GĂ©rard Mercator, QuĂ©bec, Septentrion, 2013, p. 17, notre italique. 9 L’épisode est mentionnĂ© dans Oskar Garstein, Rome and the Counter-Reformation in Scandinavia, vol. 4, The Age of Gustavus Adolphus and Queen Christina of Sweden, 1622-1656, Leyde, Brill, 1992, p. 758. 10 Clifford Geertz, Savoir local, savoir global. Les lieux du savoir, Paris, PUF, 1986, p. 182. 11 Pour une vue d’ensemble sur le persistance de cette tradition dans les milieux identitaires, voir StĂ©phane François, Au-delĂ  des vents du Nord. L’extrĂȘme-droite française, le pĂŽle Nord et les Indo-EuropĂ©ens, Lyon, Presses universitaires de Lyon, 2014. 12 Johann Chapoutot, Le discours des origines ex septentrione lux », dans son Le Nazisme et l’AntiquitĂ©, Paris, PUF, 2012, p. 19-67 ; Ingo Wiwjorra, “Ex oriente lux” – “Ex septentrione lux”. Über den Widerstreit zweier IdentitĂ€tsmythen », dans PrĂ€historie und Nationalsozialismus. Die mittel- und osteuropĂ€ische Ur- und FrĂŒhgeschichtsforschung in den Jahren 1933-1945, Ă©d. Achim Leube, Heidelberg, Synchron, 2002, p. 73-106 ; NathaniĂ«l Kunkeler, Sven Olof Lindholm and the Literary Inspirations of Swedish Fascism », Scandinavian Journal of History, 44/1, 2019, p. 77-102 ; Ian Stewart, The Mother Tongue Historical Study of the Celts and their Languages in Eighteenth-Century Britain and Ireland », Past & Present, 243/1, 2019, p. 71-107. 13 Alphonse Dupront, Le Mythe de croisade, Paris, Gallimard, 1997, t. 1, p. 30.
Ledessous politique des cartes. Jeudi 18 novembre 2021. Écouter (25 min) carte du monde centrĂ©e sur le PĂŽle Nord ©Getty - CSA Images. PublicitĂ©. PublicitĂ©. PublicitĂ©. Provenant du podcast La Grande Table idĂ©es. Contacter l'Ă©mission.
Sur le planisphĂšre avec lequel des gĂ©nĂ©rations et des gĂ©nĂ©rations d’enfants ont appris Ă  regarder le monde, l’Afrique apparaĂźt de la mĂȘme taille que le Groenland. Alors que, dans la rĂ©alitĂ©, elle est 14 fois plus grande
 Cette distorsion de l’échelle du monde, Ă©laborĂ©e par GĂ©rard Mercator en 1569, fait aujourd’hui grincer des dents. Au point que les Ă©coles publiques de la ville de Boston ont dĂ©cidĂ©, en 2017, de faire utiliser dans leurs classes un autre planisphĂšre, tracĂ© en 1974 par l’Allemand Arno Peters, et inspirĂ© de celui tracĂ© un siĂšcle plus tĂŽt par James Gall. Non seulement l’Afrique y est franchement au centre, mais, comme l’AmĂ©rique du Sud, elle y apparaĂźt plus grosse et plus allongĂ©e. L’Europe de son cĂŽtĂ©, comme l’AmĂ©rique du Nord, y a rĂ©trĂ©ci. Sur les cartes traditionnelles que nous utilisons, l’Europe est toujours positionnĂ©e au centre et en haut. Est-ce un hasard ? L’Europe est agrandie, l’AmĂ©rique du Nord est agrandie ; le continent africain est rĂ©trĂ©ci au point de paraĂźtre plus petit que la Russie. Est-ce anodin ? L’AmĂ©rique du Sud est rĂ©trĂ©cie, elle aussi. C’est incroyable, mais la plupart des personnes ont une vision du monde biaisĂ©e sans le savoir », Ă©crivait l’ancien footballeur Lilian Thuram, militant contre le racisme, dans son plus rĂ©cent essai La pensĂ©e blanche MĂ©moire d’encrier. Une impossibilitĂ© technique En fait, cartographier correctement le monde sur une surface plane est Ă  peu prĂšs impossible, pour la simple et bonne raison que la terre est ronde. C’est comme peler la peau d’une orange et la dĂ©poser Ă  plat sur la table. C’est sĂ»r qu’il va y avoir des dĂ©chirures, explique le gĂ©ographe Yann Roche. En passant de la sphĂšre vers une surface plane, on a la nĂ©cessitĂ© de transformer l’information, il faut choisir ce qu’on va sacrifier. Selon le type de projection qui existe, on va sacrifier soit les formes, soit les distances, soit les superficies. » La projection de Mercator, qui a Ă©tĂ© trĂšs utilisĂ©e en marine marchande, a la particularitĂ© de prĂ©server les formes localement », dit Yann Roche. C’est d’ailleurs encore celle qui a Ă©tĂ© utilisĂ©e pour la crĂ©ation de l’outil Google Earth. En fait, si on veut vraiment obtenir une bonne reprĂ©sentation de la Terre, il faut utiliser un globe terrestre — Mark Monmonier Il y a une dimension construction des projections et une dimension interprĂ©tation et utilisation des cartes, qui peuvent effectivement ĂȘtre dĂ©pourvues d’objectivitĂ© », dit-il. Un planisphĂšre centrĂ© sur l’AmĂ©rique, par exemple, permettrait de visualiser les enjeux de la cĂŽte pacifique ouest, absents sur la projection de Mercator. À l’ouest de la Californie, on tombe dans un vide, alors que le monde du Pacifique est important pour le Canada », remarque-t-il. On dit aussi que, durant la guerre froide, la projection de Mercator Ă©tait particuliĂšrement populaire du fait qu’elle faisait paraĂźtre le bloc soviĂ©tique comme Ă©tant plus imposant, donc plus terrifiant que ce qu’il Ă©tait vraiment. Par contraste, une carte du monde qui aurait Ă©tĂ© centrĂ©e sur le pĂŽle Nord aurait montrĂ© les États-Unis et leurs alliĂ©s de l’Ouest encerclant et menaçant l’URSS », Ă©crit John Rennie Short, dans le livre The World Through Maps A History of Cartography. En outre, ajoute-t-il, on peut voir l’État du Cachemire, sujet d’une discorde sans fin entre l’Inde et le Pakistan, inscrit dans l’un ou l’autre de ces pays selon qui a rĂ©alisĂ© la carte
 En Chine, par ailleurs, depuis le dĂ©but des annĂ©es 2000, les Ă©tudiants sont invitĂ©s Ă  se repĂ©rer grĂące Ă  une carte qui place la Chine au centre. Pour Mark Monmonier, auteur de plusieurs livres sur la cartographie, dont How to Lie with Maps Comment faire mentir les cartes, traduit aux Ă©ditions Autrement, 2019, l’idĂ©e qu’il existe une carte politiquement correcte » est un leurre. Photo Mark Monmonier Durant la guerre froide, la projection de Mercator Ă©tait particuliĂšrement populaire du fait qu’elle faisait paraĂźtre le bloc soviĂ©tique comme Ă©tant plus imposant, donc plus terrifiant que ce qu’il Ă©tait vraiment. Parfois, les gens croient que la carte de Gall-Peters est “politiquement correcte”. Si on accepte qu’il n’y a que la carte Gall-Peters et la carte de Mercator, qui a Ă©tĂ© faite pour la navigation, cela peut ĂȘtre justifiĂ©. Mais il y a beaucoup d’autres projections. Il y en a des centaines. Celle d’Equal Earth est assez rĂ©cente, elle ne change pas les proportions des terres comme le fait la projection Mercator, et elle donne une reprĂ©sentation plus rĂ©aliste que la carte Gall-Peters des formes des continents. » Reste qu’un mille carrĂ© » europĂ©en apparaĂźt plus imposant sur la carte de Mercator qu’un mille carrĂ© africain, reconnaĂźt-il. Mais certaines parties du sud de l’Afrique sont aussi agrandies sur la carte de Mercator. » Quant au positionnement de l’Europe au centre, il est liĂ© Ă  l’utilisation du mĂ©ridien 0 de Greenwich, situĂ© Ă  Londres, par convention internationale. Mais le mĂ©ridien du centre peut ĂȘtre placĂ© oĂč on veut. La carte du monde peut ĂȘtre centrĂ©e oĂč on veut », dit-il. En fait, si on veut vraiment obtenir une bonne reprĂ©sentation de la Terre, il faut utiliser un globe terrestre », dit-il. Et dans les salles de classe, la meilleure façon d’aborder les cartes, c’est d’en avoir plusieurs », qui prĂ©sentent des points de vue diffĂ©rents. À voir en vidĂ©o
\n\n \n carte du monde vu du pole nord
Lesgrandes dates Ă  suivre. Pour la suite de l’histoire du pĂŽle Sud, je vous propose une « simple » chronologie : 4 janvier 1958 : premiĂšre expĂ©dition terrestre vers le pĂŽle rĂ©ussie avec des tracteurs Fergusson par le nĂ©o-zĂ©landais Edmund Hillary participant Ă  la Commonwealth Trans-Antarctic Expedition. Please verify you are a human Access to this page has been denied because we believe you are using automation tools to browse the website. This may happen as a result of the following Javascript is disabled or blocked by an extension ad blockers for example Your browser does not support cookies Please make sure that Javascript and cookies are enabled on your browser and that you are not blocking them from loading. Reference ID f5e3ae92-207e-11ed-bad9-454150487955

Unbrise-glace fend l'immensité de la banquise pour rejoindre le pÎle Nord. Mais il ne faut pas s'y tromper, ce "champ blanc" a beau s'étendre à perte de vue, le réchauffement climatique est bien là. Dans la glace. Dmitri Loboussov commande depuis treize ans le "50 let Pobedy" (50 ans de la Victoire), l'un de ces énormes navires

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