Unejeune femme en costume paysan et sabots de bois : l'image d'Anne de Bretagne est devenue le symbole de la lutte d'une région pour son indépendance. Afficher le menu Partager sur twitter (Nouvelle fenêtre) Paroles C'était Anne de Bretagne, duchesse en sabot bis Revenant de ses domaines, en sabot Mirlitontaine ah! ah! ah! Vive les sabots de bois ! Revenant de ses domaines, avec ses sabots bis Entourée de châtelaines, en sabot Mirlitontaine ah! ah! ah! Vive les sabots de bois ! Voilà qu'aux portes de Rennes, L'on vit trois beaux capitaines Offrir à leur souveraine Un joli pied de verveine S'il fleurit tu seras reine Elle a fleuri la verveine Anne de France fut Reine Les bretons sont dans la peine En France ils suivront leur reine Cette chanson fait référence à la duchesse Anne de Bretagne, qui fut contrainte d'épouser le roi de France Charles VIII puis son successeur Louis XII. Ces mariage avait pour but de réunir le royaume de France et le duché. Anne fit un pèlerinage à travers la Bretagne chaussée de sabot, ce qui est resté dans l'imaginaire populaire. La partition de Anne de Bretagne en PDF sur Variantes Cette chanson s'apparente à "En passant par la Lorraine". Sources Chanté au Grand Fougeray par André Feildel en 1891 et rapporté par Abel Soreau dans le troisième fascicule des Vieilles chansons du pays nantais en 1903 chanson 22 Lire en ligne. Rapporté aussi par Henri Davenson dans Le livre des Chansons en 1944, page 332. Chant par Philomène Irawaddy sur l'album Anthologie des comptines et chansons de France en 2018 Youtube. Coirault 03802 En passant par la Lorraine ou C'était Anne de Bretagne Annede Bretagne était une sacré pièce d'échiquier dans l'Europe de l'époque, chaque "contrat" de mariage était négocié d'une main de fer pour que la Bretagne reste duché et non ratachée à la France.Une femme comme on n'en fait plus, un caractère bien trempé, qui à la fin de sa vie partit en pélerinage(en sabot) autour de la Bretagne. -Cette fin de semaine, Rendez-vous de l'histoire à Blois et parution d'une biographie, signée Joël Cornette, d’Anne de Bretagne qui est morte... à Blois, en 1514. Deux fois reine de France par son mariage avec Charles VIII puis avec Louis XII, elle y a résidé les années du règne de son deuxième époux dans le château de la ville, "bel, grand, fort et plantureux". Le personnage d'Anne de Bretagne demeure entouré d'une double mythologie elle aurait été "la duchesse en sabots" à cause de sa proximité supposée avec le peuple et de par sa farouche détermination à défendre l'indépendance de son duché de Bretagne, une héroïne de l'Armorique. Quand on la célèbre en effet, on laisse entendre que l'histoire de la France aux XVème-XVIème aurait pu tourner autrement. Après tout, d'autres états que le royaume capétien étaient en gestation. La Bourgogne bien sûr, le Bourbonnais aussi et la Bretagne évidemment. Le duché n'avait qu'un petit million d'habitants mais il se présentait d'un seul tenant et sa prospérité fondée notamment sur la fortune de la toile, pouvait faire envie. Jean Kerhervé a bien montré qu'il s'est peu à peu doté des structures d'un état chancellerie, conseil, parlement, trésorerie, chambre des comptes... Enfant, Anne a vécu dans une cour au château de Nantes qui aurait pu en remontrer à celle qu'elle connaitra plus tard à Blois. -Oui mais le duc François II, son père, a été battu par les Français à Saint-Aubin du Cormier et il est mort tout de de suite après, laissant Anne, 11 ans, bien démunie. Et contrainte, en 1491, à 14 ans d'épouser le roi de France Charles VIII. Mais Joël Cornette montre que, dans le rapport de forces avec la France, elle jouera de toutes les cartes qui pourront se présenter à elle. Certes, Anne qui passera sa vie en grossesses successives - elle aura neuf enfants- aurait pu espérer pouvoir garder en vie un héritier mâle. Ce ne fut pas le cas mais la mort prématurée de Charles VIII -dont la tête heurta malencontreusement un linteau de porte trop bas en 1498- lui donna soudain du jeu. Et, rusée comme elle était, elle mena bien sa partie. Son premier époux lui avait tenu la bride en Bretagne, elle obtint de son deuxième roi de France, Louis XII, qu'il vînt la chercher en grande pompe en son château de Nantes retrouvé. Et une fois les noces célébrées, elle réussit à gouverner son duché à peu près à sa guise. Il est vrai que Louis XII qui sera surnommé "le père du peuple" était un roi tempéré - sauf quand il guerroyait en Italie mais, même en ces moments, il n'était pas très préoccupé par la "nation française", il était européen... -Et si Anne était morte plus tard ? Elle aurait tenté d'assurer l'avenir de son deuxième enfant d'avec Louis XII, auquel son contrat de mariage assurait l'héritage de la Bretagne. Elle s'appelait Renée et s'avèrera très douée mais elle n'avait que 4 ans à la mort d'Anne. A lire Joël Cornette, l'évènement décisif pour l'union de la France et de la Bretagne, ce n'est pas son premier mariage avec son premier roi, c'est son décès prématuré qui laisse le second inconsolable. Louis XII organise des obsèques d'une ampleur inouïe. Les obsèques d'une femme aimée mais les obsèques d'une reine de France plus encore que d'une duchesse de Bretagne. Les autorités du duché sont certes présentes mais le parcours est fléché vers Saint-Denis, la sépulture royale où Louis dit qu'il brûle de la rejoindre bientôt. Les cérémonies de 1514 dureront 74 jours. 74 jours ! Exposition du corps à découvert à Blois. Puis... "Ah souveraine et notable princesse faut-il pour jamais perdre la vue de votre noble face"... exposition du cercueil fermé. Au bout de trois semaines, grand'messe. Enfin une procession de plusieurs milliers de personnes, une vraie ville ambulante, s'ébranle de Blois vers Paris. Nous sommes dans les frimas de février, les chemins sont boueux et incertains, on finit tout de même par parvenir à la capitale où un service grandiose a été préparé à Notre-Dame. Enfin, c'est l'ultime étape à Saint-Denis. Un prédicateur dominicain accompagne de ses sermons ce grand charroiement. Anne étant morte à 37 ans, il célèbre en 37 éloges ses 37 vertus. -Les Bretons auraient préféré que Louis XII consacre moins d'argent à ces funérailles et respecte le testament de son épouse. Le testament ? Où avez-vous vu un testament ? Pour Joël Cornette, Anne en avait évidemment rédigé un pour faire valoir les droits de sa fille Renée. Eh bien, on n'en trouvera nulle trace. Faute de garçon survivant, Louis XII avait fait de François d'Angoulême son héritier. Il le marie à la jeune Claude, l'ainée des filles qu'il eut d'Anne. Renée s'en trouva éclipsée. Elle tentera plus tard de réclamer son dû. En vain. François Ier aura eu le temps de siphonner la Bretagne qui sera officiellement rattachée à la France en 1532. Quand la République célèbrera l'anniversaire de cet événement en 1932, les autonomistes bretons saboteront le train du président du Conseil à l'emplacement exact de la frontière des deux états et feront sauter le monument qui, à Rennes, célébrait l'union. Anne n'a pas fini de faire parler d'elle. Le livre que lui consacre Joël Cornette est de son aveu même le cinquantième. On ne sache pas que Charles VIII ou Louis XII provoquent pareil intérêt. Ouvrage Joël Cornette Anne de Bretagne Gallimard L'émission Intelligence Service du samedi 9 octobre sera en public et en direct depuis les Rendez-vous de l'Histoire de Blois auditorium de la bibliothèque abbé Grégoire Pourles articles homonymes, voir Conan de Bretagne . p.-ê. Marguerite. Conan IV dit le Petit (né vers 1135 et mort le 20 février 1171 ), fils d' Alain le Noir, seigneur de Guingamp et comte de Richmond, et de la duchesse Berthe de Bretagne, fille du duc Conan III, fut comte de Richmond de 1146 à 1171 et duc de Bretagne de 1156 à 1166 ou Un sabot est une chaussure taillée dans un seul morceau de bois dont le creux épouse la forme du sabot n'apparaît selon de nombreux spécialistes qu'entre 1480 et 1520 et il connaît un rapide développement populaire ausiècle de la Renaissance dans la France du Nord, de l'Ouest, de l'Est, en Flandre et aux Pays-Bas, dans les pays rhénans etmosellans, se diffusant sur la façade du Nord-Ouest de l'Allemagne jusqu'au raison du caractère à la fois noble et rustique de cette chaussure, il existe une grande variété de paires de sabots, des plusluxueuses au plus simples ou grossières, des plus esthétiques par leurs formes ou leurs dessins aux plus techniques ou pratiquespar leurs usages. On retrouve de nombreuses expressions paysannes où sabot et pied sont synonymes en termes de après le siècle des Lumières, le sabot ne chausse plus que les populeuses contrées paysannes. Le mot sabot est mêmeconsidéré comme péjoratif par l'Académie en 1835[réf. nécessaire]. Mais la trilogie des chaussures paysannes, le sabot pour unemarche lente ou une tâche déterminée, la galoche pour les parcours plus longs et les souliers pour assurer une allure vive, n'a pascédé à la mode urbaine. C'est le nostalgique souvenir de ces hommes et femmes paisibles ou joyeux en sabot qui maintientl'attachement à cette chaussure, à l'histoire sabotier est un artisan du bois qui a quasiment disparu avec la fin de la civilisation de l'attelage et son monde l'exception de quelques ateliers équipés de machines et à vocation essentiellement touristique en France et aux Pays-Bas,les dernières saboteries ont fermé leurs portes au lendemain de la seconde guerre mondiale, après avoir connu un regaind'activité durant le terme sabot, dans le sens de chaussures », apparaît assuré dans la langue française au xvie siècle. Que les lointainesorigines des mots associés au sabot soient méconnues n'est qu'un détail, mais la pluralité des sens anciens rend impossiblede fixer avec précision la date de naissance du sabot. Son origine avant les Temps modernes reste en partie obscure. Le mot sabotprovient, selon les linguistes, de l' ancien français sabot ou Çabot, terme du xiie siècle. Au delà, il provient de la combinaison de savateet de l'ancien français bot, masculin de botte, c'est-à-dire une chaussure montante. Savate proviendrait de l'arabe sabbat, qui désigneune danse bruyante, tournoyante ou en tous cas, l'italien Ciabatta et l'ancien provençal sabata sont des formes attestées. Un sabot bien fixé au pied ou une savate permettentd'accomplir des danses rituelles, fort savantes et tournoyantes. Il est aussi évident que la marche heurtée comme la danse sur une surfacedure génèrent des chocs audibles, ce qui a engendré un synonyme par onomatopée, esclot, esclomp, sclump1. Le sabot se nomme encoreen occitan esclop », en néerlandais klomp », en allemand Klump », en alsacien Klumpe », en suédois klompa » Le sabbat mythique des sorcières est bien une danse bruyante3. Sabot ou Çabot a aussi désigné longtemps une toupie actionnée parune ficelle, puis prenant un usage technique, il a désigné une pièce de bois qui, placé opportunément devant et sous les roues, transformele roulage circulaire en traînage verbe saboter en ancien français tardif du xiiie siècle signifie heurter ». Il prend d'ailleurs le sens de secouer en français entre le seizième et le dix-huitième siècle. L'occitan sabar, qui veut dire frapper sur le bois pour en détacher des morceaux, vient du mot saba, sève », car le sens premier est frapper sur le bois à la montée de la sève pour en détacher l'écorce4 une comptine très répandue accompagnait cette opération, pratiquée par les enfants pour fabriquer des trompettes » en écorce. Le verbe est très proche de l'ancien français. Dès 1838, saboter prend son sens actuel, saboteur étant employé depuis deux ans5. Le mot sabotage qui n'apparaît qu'en 1842 est vulgarisé par le dictionnaire de Pierre Larousse après 1880. Le sabot deviendra le symbole des anarchistes. D'après la tradition des typographes, le mot sabotage viendrait du fait qu'un vieux sabot était accroché dans les ateliers d'imprimerie, et on y jetait les caractères de plomb déformés ou inutilisables pour une raison ou pour une mot sabotier n'apparaît dans les textes que tardivement au seizième siècle. Il ne faut pas le confondre avec le sabatier en languedoc qui est à la fois un savatier et un Villon est le premier à utiliser le terme sabot, en 1512, dans sa Ballade de la Grosse Margot, qui parle d’un quartier mal famé de Paris, dans la Cité. Un peu plus tard, Rabelais cite cette nouvelle chaussure dans Pantagruel chap. XXII Panurge, le professeur de Pantagruel, décrit les sabots portés par la dame de ses pensées. Et la coquette héritière Anne de Bretagne, épouse successive de deux derniers rois valois de France, Charles VIII et Charles XII témoigne de ce premier essor populaire par son sobriquet. Cette reine de France, était surnommée par les impertinents Parisiens la duchesse en sabots ».La Maison du Sabot5 Rue des Etaux44740 Batz Sur Mertel 06 52 62 98 97 Annede Bretagne a très tôt fait l'objet de représentations.Les propagandes royales de Charles VIII puis de Louis XII l'ont idéalisé en faisant le symbole de la reine parfaite, de l’Union entre le royaume et le duché, de la paix revenue. L’Autriche de Maximilien évincé du mariage, a porté un autre regard sur ces évènements. Au cours des siècles, les historiens et l’imaginaire L’intérêt du personnage historique d’Anne de Bretagne n’est plus à démontrer, comme le confirment les très nombreuses parutions de biographies sur cette princesse − pas moins de dix-sept en trois décennies, avec une accélération dans les années 2010. Il est vrai que l’itinéraire d’Anne de Bretagne a de quoi étonner, par son destin d’abord tragique puis glorieux. Après avoir perdu sa mère à 9 ans, puis son père à 11 ans, cette héritière du duché de Bretagne suscite les convoitises de plusieurs prétendants en Europe, autant de princes plus ou moins âgés qui comptent bien faire entrer cette importante principauté dans leur escarcelle. C’est finalement le roi de France Charles VIII qui obtient la main de l’adolescente et intègre le duché à la couronne en 1491, avant que Louis XII ne reprenne la fonction et l’épouse en 1498. Anne de Bretagne mit au monde pas moins de quatorze enfants, mais ne garda que deux filles. Elle eut donc la responsabilité d’assurer la succession au trône de France et de cogouverner le duché de Bretagne pendant plus de deux décennies, en s’appuyant sur les structures étatiques mises en place par son père François II 1458-1488 et ses prédécesseurs de la dynastie des Montfort. Anne de Bretagne est aussi une figure particulière en ce qu’elle a suscité immédiatement une mythologie, aussi bien en France qu’en Bretagne. Objet de panégyriques émanant de la cour de France immédiatement après sa mort, sa mémoire en Bretagne fut plus mitigée les chroniqueurs bretons à son service ne se permirent pas d’intégrer le règne de la souveraine dans leurs œuvres et depuis le XIXe siècle, sa légende oscille de l’image populaire de la duchesse en sabots à la reine traîtresse et fossoyeuse de l’indépendance de la Bretagne. Après les parutions récentes de biographies de référence sur les rois de France Charles VII, par Philippe Contamine, et Louis XI, par Joël Blanchardi, on ne pouvait que se réjouir de la sortie d’un Anne de Bretagne » dans une maison d’édition depuis longtemps spécialisée dans la biographie historique. Qui plus est, l’ouvrage a reçu immédiatement des critiques positives dans deux grands quotidiens nationaux, Le Figaro 29 janvier 2020 et Le Monde 2 février 2020. Il y avait donc de bonnes raisons d’espérer que cette biographie par Claire L’Hoër devienne désormais une des références sur cette femme de pouvoir au parcours riche et atypique. Pourtant, à notre avis, le résultat est loin d’être à la hauteur des attentes et des commentaires, et l’ouvrage se révèle rapidement décevant. Que Claire L’Hoër ait fait le choix de rester fidèle à un déroulement chronologique extrêmement classique, sans y intégrer une approche thématique hormis l’ultime chapitre sur la construction du mythe d’Anne de Bretagne , peut se concevoir, même si le recours à une analyse des phénomènes structurels aurait permis de replacer le personnage historique dans un cadre général explicatif et structurant. Là où le bât blesse, c’est que ce récit chronologique, largement ponctué d’approximations et d’erreurs, se nourrit de lieux communs qui dénotent une méconnaissance du contexte de l’époque et propose des lectures contestables et des interprétations erronées Claire L’Hoër n’a manifestement pas sérieusement fréquenté les sources contemporaines, ni profité d’une historiographie fortement renouvelée sur Anne de Bretagne et son époque. Des perspectives historiques erronées Le danger de toute biographie est de conférer une trop grande importance historique à son objet, voire d’en faire une clef d’explication centrale des événements. Ce volume n’échappe pas à ces pièges et surestime systématiquement le rôle personnel d’Anne de Bretagne dans le gouvernement de son duché ou dans son action royale. Quelques exemples suffiront à juger de l’inanité de certaines analyses, ne se fondant sur aucune source objective Devenue duchesse seulement à 11 ans .., elle tint tête à la France pendant plus de trois années avant de s’unir au roi en personne » p. 9, reprise p. 270 ; c’est elle qui organise les obsèques de son père p. 60 ; elle fait rechercher dans les archives les pièces qui entérinent son droit à succéder … Elle considère cette ambassade comme une déclaration de guerre …. Elle prend de sa propre autorité le titre de duchesse de Bretagne » p. 62, elle décide de négocier avec Ferdinand d’Aragon en même temps qu’avec le roi d’Angleterre p. 74, le tout à l’âge de 11-12 ans ! Certes, Claire L’Hoër met parfois en évidence la présence des conseillers actifs, comme son fidèle chancelier breton Philippe de Montauban Elle et Montauban forment une bonne équipe », p. 65, mais cela n’empêche pas l’auteure de donner à chaque fois trop d’autonomie de décision à la jeune duchesse. Dernier exemple après avoir décrit la cérémonie du sacre de la duchesse à Rennes le 10 février 1489, l’auteure termine son récit en ces termes Les cloches de la ville sonnent à toute allure. Charles VIII n’a qu’à bien se tenir » p. 70. En fait, la duchesse ne fait que respecter scrupuleusement le cérémonial suivi par ses prédécesseurs au cours de XVe siècle et on ne voit guère en quoi le souverain français aurait pu être effrayé, alors qu’il tenait militairement une partie du duché et était en position de force ! Cette volonté de faire d’Anne de Bretagne un personnage exceptionnel conduit volontiers à d’inexcusables naïvetés. Quand elle présente la formation intellectuelle de la future duchesse et reine p. 24-25, l’auteure accumule ainsi les explications pragmatiques, là où il faut chercher des pratiques traditionnelles d’éducation aristocratique. Son apprentissage du latin ? C’est un choix sciemment médité, ainsi on ne pourra pas la tromper sur le contenu des documents officiels sur lesquelles elle apposera sa signature » ! Son initiation à l’anglais ? Les relations sont telles avec le voisin britannique qu’il est préférable d’entendre son langage ». Ses connaissances en mathématiques ? Cela lui permettra de calculer la solde des gens de guerre ». Oui, vraiment, elle peut rendre grâce à la Dame de Châteaubriant d’avoir pensé à cet aspect de sa formation ». De la même manière, la Bretagne fait l’objet d’une considération disproportionnée si la Bretagne est économiquement prospère à la fin du Moyen Âge, elle n’est sûrement pas l’une des régions les plus riches d’Europe » p. 35 et dire que l’Argoat – le pays des bois – recèle lui aussi de richesses » p. 36, c’est oublier que l’intérieur de la péninsule reste une zone pauvre, à faible densité par rapport aux littoraux. Même dans le chapitre final, consacré à la mémoire d’Anne de Bretagne aujourd’hui, la perspective historique étonne parfois ainsi, évoquant le vol du reliquaire en or d’Anne de Bretagne en 2018 et l’heureuse résolution de l’enquête, Claire L’Hoër y voit la preuve que la France républicaine a montré son attachement à l’objet breton royaliste » p. 253. Une méconnaissance du contexte breton L’ouvrage souffre également d’une connaissance très approximative des réalités de la Bretagne ducale dans la seconde moitié du XVe siècle, à commencer par la réalité linguistique de la péninsule. Le gallo, patois de Haute-Bretagne, est présenté comme mâtiné de breton » p. 8 tandis que le breton ne serait pas, selon l’auteure, une langue écrite p. 24 elle semble ignorer qu’une littérature édifiante en breton nous est conservée depuis au moins le milieu du XVe siècleii. Toutefois, si Anne n’a pas appris le breton dans sa jeunesse ce n’est pas parce que sa nourrice parlait seulement le gallo comme l’auteur l’affirme p. 8, mais parce que personne à la cour ne parlait le breton, pas même les officiers et courtisans bas-bretons. D’ailleurs, aucun acte administratif ni aucune œuvre littéraire de la cour de Nantes ne sont rédigés en breton, mais en moyen-français − alors que Claire L’Hoër parle de vieux-français pour le 15e siècle aux p. 8 et 23. La méconnaissance du contexte politique et militaire breton mène aussi à des naïvetés. Les ducs de Bretagne ont mis en place une armée permanente, qui n’empêche pas l’engagement de mercenaires étrangers comme dans toutes les armées européennes de l’époque, d’autant plus que la convocation du ban et la constitution de milices rurales et urbaines ont montré leurs limites en termes d’efficacité militaire. Mais, selon l’auteur, que les paysans ne soient pas appelés pour lutter contre l’ennemi français, viendrait simplement de la peur de leur faire perdre le goût du labourage pour celui du pilage ou de la guerre » ou d’un trop grand risque pour le gouvernement du pays » p. 54. Sur le terrain du patrimoine, les approximations de Claire L’Hoër sont là encore nombreuses, jusqu’à la contradiction. L’auteur ne semble pas avoir bien saisi le lieu de sépulture des parents d’Anne de Bretagne selon elle, la duchesse pouvait admirer la cathédrale de Nantes où ils étaient enterrés p. 194, mais ailleurs elle affirme plus loin qu’ils reposaient ensemble au couvent des carmes de la ville p. 250. Le lecteur informé saura qu’Anne de Bretagne a elle-même fait construire le magnifique tombeau de ses parents dans le couvent des carmes et que ce même tombeau a été déplacé à la cathédrale après la Révolution… Des sources mal maîtrisées et une historiographie caduque Il est évident qu’une meilleure connaissance des sources du temps aurait permis d’éviter non seulement des contresens, mais aussi des erreurs factuelles. Ainsi, à l’en croire l’auteure, le chroniqueur breton Pierre Le Baud 1450-1505 aurait fait de la duchesse de Bretagne une figure militante indépendantiste avant l’heure » p. 262, alors même que dans ses chroniques le récit de l’histoire de Bretagne s’interrompt … avant le règne d’Anne de Bretagne ! C’est d’autant plus étonnant que la chronique de Pierre Le Baud vient d’être rééditée par Karine Abélard en 2018, sans que l’auteur n’en ait eu ventiii. De même, ignorant plusieurs pistes ouvertes par les recherches récentes, l’auteure continue de colporter de vieux fantasmes de l’historiographie bretonne. En présentant Antoinette de Maignelais, favorite du duc François II, comme une espionne » au service de Louis XI, d’abord contre son père Charles VII, puis contre son ennemi le duc François II p. 19, l’auteure reprend ici à son compte des théories conspirationnistes déjà émises du temps de Louis XI sur la foi de fausses rumeurs émanant du Dauphin Louis en personne, dont on a pu montrer l’absence de fondement. Quant au vicomte Jean II de Rohan, oncle par alliance d’Anne de Bretagne , il est présenté comme un mauvais parti p. 77 or la famille Rohan détenait une importante puissance foncière et financière, tandis que le projet de mariage entre un Rohan et la jeune Anne aurait permis de conserver la couronne ducale au sein de l’aristocratie bretonne, en resserrant les rangs autour de son duc face à la menace françaisev. Finalement, les problèmes de présentation de l’apparat critique, qui ne respecte pas les normes de l’édition historique, sont révélatrices des lacunes historiennes de l’auteur. Ainsi, la première note de référence n’apparaît qu’à la page 54 avec la formule Voir, en bibliographie, les travaux de… », laquelle se retrouve à onze reprises jusqu’à la fin de l’ouvrage. Autant dire qu’aucune source manuscrite ou éditée n’est citée et pour les cinq indiquées en bibliographie, deux sont incomplètes Anne de France et Pierre Le Baud, tandis que les écrits du chroniqueur français Philippe de Commynes sont cités dans le livre p. 264, mais sans les titres, et ne sont pas référencés dans les sources. Ce constat d’insuffisance méthodologique est confirmé par la lecture de la bibliographie qui apparait fortement réductrice 49 références, parfois contestable dans ses choix, loin d’être à jour voire très datée. L’auteure ne connaît pas de nombreux travaux, comme par exemple des ouvrages collectifs issus de colloques sur la bâtardise, sur le pouvoir des princesses, sur les maîtresses et les favorites, sur la question de l’enfance à propos de laquelle plus aucun historien sérieux n’ose suivre les thèses de Philippe Ariès, pourtant cité en note p. 255 et en bibliographie, ou encore sur la culture livresque des femmes de l’aristocratie, à commencer par les publications de Cynthia Brown sur … Anne de Bretagne !vi Quant aux contextes politique et social de la Bretagne ducale au XVe siècle et sous Anne de Bretagne, il aurait suffi de s’inspirer de deux ouvrages généraux de grande qualité, rédigés par des historiens spécialistes, les médiévistes Jean Kerhervé et Yves Coativy comme les modernistes Dominique Le Page Michel Nassiet, qui continuent de faire référencevii. Une écriture romanesque trop peu historienne Le sentiment qui domine à la lecture de l’ouvrage reste finalement celui d’une écriture très romanesque de la vie d’Anne de Bretagne , fondée sur une approche souvent psychologisante et parfois sur des affirmations gratuites ou infondées, en rien appuyées sur des sources. Commencer par une phrase du type Il fait beau en ce mois de juillet 1488 » p. 54 renvoie bien plus à une écriture de roman historique et n’apporte pas une information d’intérêt pour la compréhension du récit. D’autant qu’il peut faire beau en Bretagne en été, mais aussi pleuvoir parfois. Or, manque de chance, il se trouve que les étés des années 1488 à 1491 furent très frais en Europe, d’après les dates connues des vendangesviii. Ensuite, quelles sources permettent d’affirmer que, raffiné, François II danse à merveille et se parfume à la poudre de violette, ne supportant aucune mauvaise odeur » p. 34 ? Tout aussi critiquable est la démarche consistant à imaginer les pensées du duc sur son lit de mort le 9 septembre 1488 p. 57-59, une scène s’apparentant à une histoire imaginée, cherchant à tout prix à créer un moment d’émotion, s’achevant par les paroles supposées de François II à sa fille de onze ans ! Plus tard, en 1505, la duchesse fait son tour de Bretagne, en passant par les sanctuaires de pèlerinage les plus prestigieux. Pour l’auteur., une seule raison Anne de Bretagne sent la mort approcher, il lui faut se concilier les forces divines » p. 224, alors qu’elle n’a que 28 ans et que son voyage est d’abord une affaire politique, afin de réaffirmer son pouvoir sur les Bretons et en premier lieu la noblesse du cru. Toujours dans cette veine psychologisante, l’état d’esprit de la reine Anne nous est présenté suite aux batailles et aux conquêtes faites par Louis XII en Italie Comme Anne est fière de l’époux qu’elle s’est choisie ! » p. 168. Les exemples peuvent être multipliés à l’envi. Ce genre de formule gratuite relève finalement plus du mauvais roman historique que de la démarche historienne ce n’est pas dans ce cadre épistémologique que l’historien doit faire preuve d’imagination, mais bien dans la mise en place d’un questionnement sur son sujet d’étude et dans la recherche d’hypothèses explicatives. L’abus des questions rhétoriques quatre occurrences page 60, cinq à la page 71 et jusqu’à 10 questions à la page 58 vient moins souligner une forme d’impuissance historienne qu’une mauvaise connaissance des enjeux du temps par l’auteur, ainsi que l’usage répété du mot curieux ». Ainsi, l’opus poétique de Jean Meschinot datée des années 1460 est curieusement intitulé » Les lunettes des princes p. 33 l’auteure sait-elle que ces lunettes sont des instruments allégoriques pour que les princes puissent gouverner avec clairvoyance ?. Plus loin, l’auteur de remarquer Chose curieuse aucune demeure royale ne reste totalement meublée en permanence » p. 180. Ailleurs, le reliquaire d’Anne de Bretagne, celui-là même qui fut dérobé en 2018, est qualifié de curieuse boîte jaune qui présente vaguement la forme anatomique d’un cœur » p. 250. Et encore, Jean Bourdichon détient les charges de peintre et valet de chambre du roi ». Curieux mélange ! » p. 255. Il n’est pourtant pas demandé aux historiens de s’étonner des faits et phénomènes historiques n’est-ce pas par définition l’une des particularités de l’histoire que de se confronter à des situations différentes de son époque, de mettre à jour des formes d’altérité ?, mais bien de les analyser selon les logiques du temps pour leur donner sens. Bilan On l’aura compris, ces choix sélectifs d’exemples sont révélateurs des problèmes affectant cet ouvrage, dont la lecture engendre un véritable malaise. Afin de s’en dispenser, on pourra toujours se référer à l’ouvrage solide et sérieux de Georges Minois paru il y a deux décennies chez le même éditeur Fayard, à l’approche historiographique développée par Didier Le Fur ou encore au catalogue de l’exposition tenue à Nantes en 2007, éclairant tous de manière fiable et sérieuse ce personnage au destin singulierix. i Joël Blanchard, Louis XI, Paris, Perrin, 2015 ; Philippe Contamine, Charles VII. Une vie, une politique, Paris, Perrin, 2017. ii Voir Yves Le Berre et Ronan Calvez, Entre le riche et le pauvre. La littérature du breton entre 1450 et 1650, Brest, Emgleo Breiz, 2012. iii Pierre Le Baud, Compillation des cronicques et ystoires des Bretons, édition par Karine Abélard, Rennes, PUR et SHAB, Sources médiévales de l’histoire de Bretagne, 2018. iv Laurent Guitton, Fastes et malheurs du métier de favorite Antoinette de Maignelais, de la cour de France à la cour de Bretagne 1450-1470 », dans Juliette Dor, Marie-Élisabeth Henneau et Alain Marchandisse, dir., Maîtresses et favorites, dans les coulisses du pouvoir du Moyen Âge à l’Époque moderne, Saint-Étienne, Publications de l’Université de Saint-Etienne, coll. L’école du genre », 2019, p. 153-167. v Michel Nassiet, Fidélités et perspectives dynastiques dans la noblesse bretonne lors de la crise de succession 1470-1491 », dans Jean Kerhervé dir., Noblesse de Bretagne du Moyen Âge à nos jours, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 1999, p. 103-128 ; Yvonig Gicquel, Jean II de Rohan 1452-1516, grand compétiteur à la couronne de Bretagne », Bulletin de l’Association Bretonne, 111, 2002, p. 195-208. vi Cynthia J. Brown, The Queen’s Library Image-Making at the Court of Anne of Brittany, 1477-1514, Philadelphia, University of Pennsylvania Press, 2011 et The Cultural and Political Legacy of Anne de Bretagne. Negotiating Convention in Books and Documents, Edited by Cynthia J. Brown, Cambridge, Brewer, 2010. vii L’État Breton 1341-1532, rédigé notamment par Jean Kerhervé, dans Histoire de la Bretagne et des pays celtiques », t. 2, Morlaix, Skol Vreizh, 1987 ; Yves Coativy, La Bretagne ducale. La fin du Moyen Âge, Gisserot, 19999 et Dominique Le Page et Michel Nassiet, L’union de la Bretagne à la France, Morlaix, Skol Vreizh, 2003. ix Georges Minois, Anne de Bretagne, Paris, Fayard, 1999 ; Didier Le Fur, Anne de Bretagne miroir d’une reine, historiographie d’un mythe, Paris, Guénégaud, 2000 et Anne de Bretagne une histoire, un mythe, Pierre Chotard dir., Paris-Nantes, Somogy Château des ducs de Bretagne-Musée d’histoire de Nantes, 2007.
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Cétait Anne de Bretagne C'était Anne de Bretagne, duchesse en sabots, Revenant de ses domaines, en sabots mirlitontaine Ah ah ah ! Vivent les sabots de Aller vers. Sections de cette Page. Aide accessibilité. Facebook. Adresse e-mail ou téléphone: Mot de passe: Informations de compte oubliées ? S’inscrire. Voir plus de contenu de Kentoc'h mervel eget bezañ saotret sur
C’est un classique de nos comptines françaises. Qui ne connait pas l’air de  En passant par la Lorraine », avec ses sabots, sa dondaine, ses trois capitaines et le fameux  oh Oh OH » ? Mais derrière cette joyeuse comptine se cache toute une histoire bourrée d’anecdotes. A coup sûr, après avoir lu ces lignes, vous ne l’entendrez plus de la même façon ! [lwptoc min= »5″ depth= »3″ hierarchical= »1″ skipHeadingLevel= »h5,h6″] La mélodie de la comptine En passant par la Lorraine Rien de tel qu’une vidéo pour se faire une idée de la mélodie… au cas où vous auriez oublié vos classiques Ÿ™‚ Cette vidéo publiée sur YouTube a été vue plus de 3,6 millions de fois, preuve de son succès auprès des enfants… et des plus grands ! Les paroles de la comptine En passant par la Lorraine Avant de rentrer dans les détails, rappelons-nous des paroles. On ne retient souvent que les paroles du premier couplet… mais la ritournelle est plutôt longue pas moins de 6 couplets. Et elle raconte une histoire assez singulière, celle d’une paysanne moquée par des nobles. Couplet 1 En passant par la Lorraine, Avec mes sabots. En passant par la Lorraine, Avec mes sabots, Rencontrai trois capitaines, Avec mes sabots, Dondaine, oh ! Oh ! OH ! Avec mes sabots. Couplet 2 Rencontrai trois capitaines, Avec mes sabots. Rencontrai trois capitaines, Avec mes sabots. Ils m’ont appelée Vilaine ! Avec mes sabots, Dondaine, oh ! Oh ! OH ! Avec mes sabots. Couplet 3 Ils m’ont appelée Vilaine ! Avec mes sabots. Ils m’ont appelée Vilaine ! Avec mes sabots. Je ne suis pas si vilaine, Avec mes sabots, Dondaine, oh ! Oh ! OH ! Avec mes sabots. Couplet 4 Puisque le fils du roi m’aime, Avec mes sabots. Puisque le fils du roi m’aime, Avec mes sabots. Il m’a donné pour étrenne, Avec mes sabots, Dondaine, oh ! Oh ! OH ! Avec mes sabots. Couplet 5 Un bouquet de marjolaine, Avec mes sabots. Un bouquet de marjolaine, Avec mes sabots. Je l’ai planté sur la plaine, Avec mes sabots, Dondaine, oh ! Oh ! OH ! Avec mes sabots. Couplet 6 S’il fleurit, je serai reine, Avec mes sabots. S’il fleurit, je serai reine, Avec mes sabots. S’il y meurt, je perds ma peine, Avec mes sabots, Dondaine, oh ! Oh ! OH ! Avec mes sabots. Les protagonistes de la comptine Après avoir lu les paroles de la comptine, force est de constater qu’elle n’existe pas pour promouvoir la destination Lorraine aux auditeurs. En tout cas, ce n’est pas son propos. Mise à part l’allusion à la province dans le premier couplet, la chanson populaire fait intervenir trois groupes de personnages une jeune fille, trois capitaines et un prince le fils du roi. La  vilaine aux sabots » et les trois capitaines Les trois capitaines Commençons par les trois compères. La comptine ne nous dit rien d’eux mais leur rang de capitaine les associe à la noblesse. Sont-ils des chevaliers du duc de Lorraine ? Du roi de France ? Mystère et boule de gomme je vous donne un élément de réponse plus tard. Ce que nous dit la chanson, c’est que ces messires se moquent d’une jeune fille de Lorraine. Une donzelle qu’ils prennent pour une gueuse  Ils m’ont appelée Vilaine ! Avec mes sabots » Aujourd’hui, le mot  vilaine » est synonyme de  méchante »,  malsaine » ou  mauvaise ». Toutefois, au moyen-âge, le mot  vilain » avait une signification un peu différente un paysan, un gueux, un villageois, une personne laide. En nette opposition aux nobles, l’élite raffinée de la ville… qui, elle, ne chausse pas de vulgaires sabots ! Tiens, ça ne vous rappelle pas quelque chose ? Une réplique d’un film de 1993 dans laquelle un certain Jacquouille la Fripouille lance  Merci, la gueuse ! Tu es un laideron mais tu es bien » La vilaine fille de Lorraine Attardons-nous un instant sur l’histoire de cette gueuse… euh, je veux dire de cette jeune fille aux sabots. Qui est-elle ? Là aussi, la chanson ne nous le dit pas. Mais nous avons quelques pistes. Ainsi, l’histoire de la comptine rappelle curieusement le destin d’une pucelle de Lorraine. Non pas Jeanne de Domrémy… mais une certaine Louise de Nomeny. Nomeny, c’est où ? Nomeny est aujourd’hui une petite bourgade de 1150 habitants située à l’est de Pont-à -Mousson, à mi-chemin entre Nancy et Metz. Je connais assez bien la région car ma tante habitait dans les environs. Elle a l’air de rien cette commune… mais si vous connaissiez son histoire, vous seriez surpris par ses liens avec Henri III… le roi de France en personne ! Ruines du château de Nomeny Jusqu’en 1548, Nomeny et son château-fort appartenaient aux évêques de Nicolas de Lorraine 1524-1577, fils du duc de Lorraine, Antoine le Bon, reçut très jeune l’évêché de Metz 1543 puis celui de Verdun 1544. En 1548, il renonça à sa carrière épiscopale et acquit à son propre compte le ban de Nomeny. Il se maria l’année suivante à Marguerite d’Egmont. De leur union naquit Louise 30 avril 1553 au château de Nomeny. A l’âge de 10 ans, la fillette fut placée au Palais ducal de Nancy, chez son cousin germain, le duc Charles III de Lorraine. La cour du Palais Ducal de Nancy sous la neige © French Moments La belle-mère de Cendrillon La troisième épouse de son père, Catherine de Lorraine-Aumale se révéla une odieuse marâtre pour Louise et ses demi-frères et sÅ“urs. On raconte qu’à vingt ans, la Louise était d’une grande beauté grande et fine, blonde au teint blanc… oui, c’est ça une véritable Cendrillon. Louise de Lorraine A l’automne 1573, Henri, le frère du roi de France, fut élu roi de Pologne. Il quitta la France en route pour Cracovie afin de prendre possession de son nouveau royaume. En passant par la Lorraine, il s’arrêta à Nancy où il fut accueilli au Palais ducal par son beau-frère le duc Charles III de Lorraine, marié à la sÅ“ur d’Henri, Claude de France. Souvenons-nous qu’à l’époque, le duché de Lorraine était un état autonome au sein du Saint-Empire romain germanique. Au bal de Cendrillon Tous les membres de la noblesse lorraine furent invités aux réjouissances données en l’honneur du nouveau souverain polonais. Dont Louise, en sa qualité de princesse de Vaudémont et cousine du duc de Lorraine. Henri de France remarqua Louise et trouva en elle une certaine ressemblance avec son idylle d’alors, Marie de Clèves. Le cÅ“ur d’Henri battait pour Marie et souhaitait tant l’épouser. Pas de chance, elle était déjà mariée à Henri de Bourbon, prince de Condé. Le roi est mort, vive le roi ! Moins d’un an plus tard, le roi Charles IX de France mourut prématurément. Henri fut rappelé en France pour succéder à son frère… sous le nom de Henri III de France. Quelques mois plus tard, Marie de Clèves mourut en couches à l’âge de 21 ans. Le nouveau roi, qui avait tant espéré l’épouser, fut inconsolable. Les services d’Entremetteuse Matrimonial SA ! La reine-mère Catherine de Médicis fut bien décidée à trouver une illustre princesse étrangère pour caser son fils Henri une fois pour toutes. Celui-ci devait absolument se marier pour assurer la descendance de la dynastie des Valois. Catherine était en quelque sorte aux commandes de Entremetteuse Matrimoniale SA et comptait bien mener ses affaires jusqu’au bout. Mais c’était contre le gré du jeune roi qui jouait au difficile. Il refusa toutes les jeunes filles qu’on lui présentait. C’est alors qu’il se souvint de Louise, celle qui ressemblait tant à la princesse de Clèves. Vous vous souvenez. il l’avait rencontrée au bal en passant par la Lorraine ! Autant vous dire que la reine-mère ne fut de bonne humeur à l’annonce de cette nouvelle… car Louise était d’un parti très très modeste pour un roi de France ! Une vilaine, quoi ! Les envoyés du roi Contre toute attente, le roi décida d’épouser la vilaine et mandata deux officiers pour ramener l’heureuse élue auprès de lui. On connait même les noms des deux hommes de confiance du roi  Philippe Hurault de Cheverny, son futur chancelier, et Michel Du Guast, marquis de Montgauger. Ahh, quand je vous disais que c’était une histoire de Cendrillon ! Le duc de Lorraine Charles III accueillit les messagers du roi de France à Nancy et demanda à un de ses hommes de les accompagner jusqu’à Nomeny. Ainsi, les trois hommes s’en allèrent chercher la Louise dans une petite bourgade perdue dans le terroir de lorraine… tels trois capitaines qui s’aventurent hors des murs du palais ! A la recherche d’une gueuse en pleine campagne. La comptine nous dit que  Rencontrai trois capitaines, Avec mes sabots. Ils m’ont appelée Vilaine ! Avec mes sabots » Ceci est un petit raccourci historique. Car les trois capitaines en question se sont rendus à Nomeny sans rencontrer de jeune paysanne sur leur chemin pas Louise en tout cas. On sait que la jeune fille était en pèlerinage à Saint-Nicolas-de-Port pendant la visite des envoyés du roi… et ce fut le père de Louise, Nicolas de Lorraine, qui les reçut à grailler ! comprenez, à manger Pour une surprise, c’est une surprise ! Comme on peut le deviner, le père de Louise n’attendit pas le retour de sa fille pour lui demander son avis. Honoré à l’idée de devenir le beau-père du roi de France, le Nicolas donna son consentement sans hésitation. Ah bah ça, les absents ont toujours tort, c’est bien connu ! Ce n’est qu’au retour de son pèlerinage que la Louise apprit la nouvelle. Et elle refusa même d’y croire au début ! En fait, on ne sait trop bien ce qu’elle en pensait vraiment… soit elle jouait à l’ado rebelle  Môôôn !!! T’es vraiment une quiche si tu crois qu’je vais me marier à un inconnu contre mon gré ! » Soit elle était folle de joie  Oh, et moi qui croyais moisir toute ma vie dans ce trou perdu avec ces fichus sabots ! Adieu la Lorraine et à moi PARIS ! » Et on l’imagine bien chanter un autre répertoire  Libérée, délivrééeeee ! » Henri III et Louise de Lorraine Un mariage royal Les événements s’enchainèrent. Ainsi, le 15 février 1575, on célébra à la fois le sacre du roi de France Henri III et son mariage avec Louise de Lorraine-Vaudémont dans la cathédrale de Reims. Bah oui, tant qu’on peut faire d’une pierre deux coups ! À la fin du mois, c’est ensemble en amoureux qu’ils entrèrent à Paris. Louise s’installa au palais du Louvre. La voici désormais reine de France.  Adieux sabots, dondaines et capitaines moqueurs… moi je suis à Paris !! Si l’histoire de Louise vous enchante, lisez sa bio sur wikipedia. Vous apprendrez que son union avec Henri III fut un mariage d’amour, ce qui n’empêcha pas le roi de multiplier les aventures avec d’autres jeunes filles… Et les Dondaines dans tout ça ? Bah tiens, on a oublié de parler des Dondaines qui ponctuent la comptine. C’est quoi au juste une dondaine ? Une dame avec de l’embonpoint ? Un mot créée juste pour faire un effet de style ? Le synonyme de  Dis donc » ? Il s’agit tout simplement d’un projectile tiré par les arbalètes au moyen-âge. La dondaine ou le dondon était réservée à un usage militaire et avait la forme d’une grosse femme… mouais, une sorte de dondon dodue ! En passant par la Bretagne ! Ahh, cette comptine quel beau fleuron du patrimoine culturel lorrain ! Et pourtant, quand on cherche un peu, il y a quelque chose de troublant. Car la fameuse mélodie ne serait pas du tout lorraine mais… bretonne ! En effet, on retrouve son origine au pays des dolmens “M’en revenant de Rennes”. Oui, Rennes en Ile-et-… Vilaine ! En voici les deux premiers couplets M’en revenant de Rennes Mignon de la goguette tout doux Cheminant vers Paris Landeri, landera, landeri Cheminant vers Paris J’ai rencontré trois Dames Mignon de la goguette tout doux Qui chantait à ravi’ Landeri, landera, landeri Qui chantait à ravi’ Une chanson tombée dans l’oubli qui date du 16e siècle au moins. Et surtout, une chanson dont la mélodie a vite fait des variants ! Une duchesse en sabots, mirlitontaine ! Ainsi, une autre comptine a véhiculé l’image de la bonne duchesse Anne de Bretagne, une noble dame en Couplet 1 C’était Anne de Bretagne, duchesse en sabots C’était Anne de Bretagne, duchesse en sabots Revenant de ses domaines en sabots, mirlitontaine, Ah, Ah, Ah ! Vive les sabots de bois ! Couplet 4 Voilà qu’aux portes de Rennes, duchesse en sabots bis Voilà qu’aux portes de Rennes, duchesse en sabots bis L’on vit trois beaux capitaines en sabots, mirlitontaine, Ah, Ah, Ah ! Vive les sabots de bois ! Entendez-vous combien la mélodie n’est pas si éloignée de celle d’En passant par la Lorraine ? J’ai appris qu’elle a longtemps animé les dÃners celtiques à Paris entre de nombreuses personnalités bretonnes. Vous n’aurez pas l’Alsace et la Lorraine ! Comme on l’a dit, la mélodie était tombée dans l’oubli… jusqu’à la fin du 19e siècle. Ouvrons à présent nos livres d’histoire. La guerre franco-prussienne de 1870-71 se solda par la défaite de la France. Au traité de Francfort, le chancelier prussien Bismarck obtint l’Alsace et le département lorrain de la Moselle. Face à cet affront, la jeune IIIe République ne manqua pas d’insuffler aux Français la revanche. On ne devait jamais oublier l’Alsace-Lorraine. Et quoi de mieux que de préparer les esprits chez les enfants… ceux qui deviendront plus tard les soldats dont la France aura besoin pour récupérer les provinces perdues ! Allez, ni vu ni connu, je vous glisse-là une petite comptine innocente qui fera l’affaire dans les écoles de la République. On ressortit des cartons la mélodie bretonne, on ajouta un refrain les sabots, dondaine puis on dota le tout d’une musique militaire. C’est ainsi que des chansons populaires comme En passant par la Lorraine permirent de préparer les enfants à la guerre… de façon discrète bien sûr ! C’est ça, vous n’aurez pas l’Alsace et la Lorraine ! Alsace-Lorraine ou Alsace-moselle ? Par ailleurs, l’Alsace-Lorraine est un terme qui peut prêter à confusion. Contrairement à ce que l’on peut penser, ce n’est pas toute la Lorraine qui a été annexée. Lors du Traité de Francfort 10 mai 1871, Bismarck a brillamment négocié l’annexion de plusieurs communes lorraines à l’Allemagne. Metz bien sûr, mais également des centres miniers et industriels stratégiques Thionville, Forbach, Sarreguemines…. Pour se faire, on a démembré les départements de la Meurthe et de la Moselle pour satisfaire les exigences territoriales de l’ennemi. Ainsi, on a défini de nouvelles limites départementales à la Lorraine en créant notamment un nouveau département la Meurthe-et-Moselle [54] avec pour préfecture Nancy. Celui de la Moselle [57] a vu ses limites remaniées. Longwy et le Pays-Haut furent rattachés à la nouvelle Meurthe-et-Moselle. Sarrebourg et Château-Salins furent englobés à la nouvelle Moselle et devinrent de facto allemands ! Pour résumer Nancy, Epinal et Bar-le-Duc restèrent françaises tandis que Metz devint allemande. Inauguration de la Gare de Metz le 17 août 1908 pendant la période allemande Ainsi, seulement un quart de la superficie de la Lorraine fut annexée par l’Allemagne… ce qui amène certains à parler d’Alsace-Moselle plutôt que d’Alsace-Lorraine. Lorsque les Français récupérèrent l’Alsace-Moselle en 1918, on préféra ne rien changer des limites départementales établies en 1871. C’est ce qui explique la forme étrange du département de Meurthe-et-Moselle… à la fois démesuré 200 km du nord au sud et étriqué 6 km dans sa partie la moins large. En passant par la Lorraine l’histoire continue… La retour de l’Alsace-Lorraine à la France ne signa pas la fin de la ritournelle. En Passant par la Lorraine resta une comptine populaire, interprétée à de nombreuses reprises faites une recherche sur YouTube pour vous en rendre compte ! La chansonnette a notamment influencé Georges Brassens pour écrire Les sabots d’Hélène Le mot de la fin Enfin, pour terminer en beauté, voici une interprétation d’En passant par la Lorraine par le groupe Revels dans son recueil de chants irlandais, écossais et bretons… avec un charmant petit accent british Ÿ˜‰ Le mot de la fin ? Comme on dit en Lorraine A la revoyotte !  Transparence Certains articles et pages du blog peuvent contenir des liens affiliés ou sponsorisés. Si vous planifiez un voyage, l’utilisation de ces liens nous aide à faire fonctionner le site et l’absence de publicité. Il n’y a aucun coût supplémentaire pour vous. Tout ce que vous avez à faire est de cliquer sur le lien et toute réservation que vous faites est automatiquement suivie. Nous vous remercions de votre soutien ! Expositionsur Anne de Bretagne L'association Culturelle Bretonne Jusqu'au dimanche 19 octobre, la ville revendique son identité bretonne à travers différentes animations.

À l'aube du 6 décembre 1491, à Langeais, près de Tours, Charles VIII épouse la duchesse Anne de Bretagne. Elle a 14 ans et le roi de France 21. C'est le début de la fin pour la Bretagne indépendante. Tumultueuses fiançailles Anne a hérité du duché trois ans plus tôt de son père François II. Pour préserver son indépendance, menacée par le roi de France, son voisin, elle choisit d'épouser le futur empereur d'Allemagne Maximilien 1er de Habsbourg. Celui-ci délègue à Rennes l'un de ses compagnons. Il glisse sa jambe nue dans le lit d'Anne pour, selon la coutume, valider l'union par procuration. Le roi de France, piqué au vif, envahit le duché. Maximilien, qui a par ailleurs des soucis avec les Turcs, ne réagit pas. Abandonnée à elle-même, Anne renonce à son trop lointain fiancé et se résigne à épouser Charles VIII. Celui-ci a déjà une promise, Marguerite d'Autriche, mais il n'a pas de scrupule à la renvoyer chez son père qui n'est autre que Maximilien. Mariage en catimini Pour ne pas heurter la susceptibilité des Habsbourg ni risquer un enlèvement d'Anne, les futurs époux se retrouvent en catimini dans le château de Langeais, non loin de la Bretagne. On va en pleine nuit quérir un notaire et, sous son égide, en présence d'une assistance triée sur le volet, les deux conjoints se font une mutuelle donation sur le duché. Il reste encore une petite formalité l'annulation du mariage d'Anne et Maximilien. Le pape se résigne à la signer et à l'antidater trois mois après. Publié ou mis à jour le 2019-05-14 134008

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